Révolte
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Ainsi, est ce tout ce qu’on peut tirer de l’humanité ? D’où leur vient cette lâcheté qui les empêche d’agir pour le bien ? Ne s’aperçoivent-ils pas que leur quête est vaine ? Ils courent, se précipitent et s’égarent sur des chemins brumeux, pressés de jouir au plus vite. Et quand dans leur délire ils pensent tenir le bonheur, ce dernier éclate et se disperse en une fine poussière d’étoiles. Mais le temps, gardien de l’éternité, n’oublie pas la sentence finale. De son sceptre d’argent, il frappe les êtres vivants et leur fait sentir le poids des années. Voyant leur dos se voûter et leurs traits se tirer, les larmes leurs viennent et d’une voix entrecoupée de sanglots ils s’écrient : « Ô temps, maître des Hommes, pourquoi es-tu si cruel avec nous ? Pourquoi fuis-tu sans cesse ? A peine avons-nous le temps d’aimer que l’aurore étend sur nous ses doigts roses ! Où vont tous ces empires, ces royaumes et ces souvenirs que tu emportes avec toi ? » Alors, lassés du silence du bonheur, ils comprennent sa vraie nature. Durant leurs heures de jeunesse, ils avaient cherché frénétiquement dans chaque relation, chaque objet, la possibilité de réchauffer leurs cœurs gelés. Et à la tombée du jour, lorsqu’ils serraient leur bien aimé(e) en souriant, ils pensaient avoir allumé un feu immortel. Aujourd’hui, ils réalisent que ce qu’ils avaient pris pour un brasier n’était en fait qu’une multitude d’étincelles ; jaillissant ça et là au gré de leurs aventures. Désormais, leurs cœurs sont des champs de ruine. Un vent glacial traverse ces paysages dévastés, et dans le ciel jadis si pur, de noirs nuages étouffent tout espoir. C’est ainsi que par une nuit agitée, tandis que le ciel éclate et que la foudre rugit, la mort vient cueillir ces êtres fragiles. Ceux-là même qui croyaient dominer la vie n’ont alors ni amis, ni frères qui viennent pleurer sur leur tombe, et sous le lierre décrépi, gravé sur la pierre de l’éternité on peut lire : « Ci-git un misérable, Il est venu au monde, a joui des biens éphémères de l’existence et est mort seul, n’ayant rien construit de grand, de beau ou d’admirable. ».
Antoine Guéneau