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Sociologie de la bourgeoisie 

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Auguste Barthélémy Glayze, tableau représentant les ancêtres de Gustave Fayet, Huile sur toile, 1850

Résumé :

Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon sont deux sociologues français anciens chercheurs au CNRS (CSU-IRESCO) [1] qui se sont mariés en 1967. Affiliés à la tradition marxiste, ils se sont penchés sur le fonctionnement de la bourgeoisie. Au début des années 80, la sociologie s’intéresse principalement aux processus de ségrégation sociale dans les quartiers de banlieue. Toutefois, les Pinçon-Charlot se détournent de cet objet d’étude en 1986 pour analyser une catégorie peu représentée dans la recherche française. Au total, ils ont publié seize livres en s’attachant à décrire les pratiques sociales, [2] les lieux d’habitation [3] et les mécanismes de reproduction des grandes familles. [4] L’ouvrage Sociologie de la bourgeoisie est donc un compendium de toutes ces années de recherche. La classe bourgeoise, loin d’être un simple agrégat d’individus atomisés est en fait un groupe conscient de lui-même mobilisé pour défendre ses intérêts.

Commentaire :

Nul ne doute que l’étude de la bourgeoisie comporte un intérêt. Pourtant, l’étude de celle-ci est délaissée par les sociologues et rares sont les travaux dans ce domaine. En effet, peu habitués à fréquenter ce groupe social, les chercheurs préfèrent s’orienter vers l’étude des quartiers sensibles. Depuis de nombreuses années, la bourgeoisie est donc un sujet laissé dans l’ombre et cela au détriment d’une meilleure compréhension de la société. S’inscrivant dans la tradition inspirée par Bourdieu d’une sociologie du dévoilement, le couple des Pinçon- Charlot a décidé de s’emparer du thème. Ils font néanmoins face aux mêmes difficultés que leurs prédécesseurs. Au sein même du domaine universitaire, peu de financements existent afin de mener ce type de travaux. Cela entrave initialement le travail du chercheur qui doit pouvoir évoluer sans contraintes budgétaires. D’autre part, les dominants adoptent des stratégies d’évitement afin de ne pas s’exposer aux investigations des sociologues mais aussi des journalistes. Ils ne se laissent approcher qu’avec une certaine réserve et imposent des conditions restrictives quant au cadre de l’entrevue. Ainsi, quand bien même quelques uns parviendraient à s’immiscer dans la classe dominante, ceux-ci maîtrisent leur langage et ne laissent rien transparaître immédiatement. Le sentiment de domination qu’éprouve le chercheur face à ce groupe peut l’amener à renoncer à son projet. Selon Monique Pinçon-Charlot « Il est plus facile d'étudier la reconversion des ouvriers licenciés de Michelin que d'enquêter sur la famille Michelin » [5]

Habitué à contrôler son image et cultiver la discrétion, le grand bourgeois représente un objet d’étude difficile. La distance symbolique avec les enquêtés constitue une barrière invisible que le chercheur doit surmonter pour établir un lien. Afin d’approcher ce groupe fermé, les Pinçon-Charlot ont dû ainsi adopter différentes stratégies. Le premier impératif pour le chercheur est de détruire son image hostile et de faire valoir la légitimité universitaire. Selon Florence Weber, il y a des « terrains difficiles » qui supposent une «capacité à s’imposer comme enquêteur.» [6] De ce fait, grâce à leur appartenance au CNRS, le couple de sociologue a pu s’imposer comme un interlocuteur légitime.

 

Par ailleurs, Le sociologue doit apprendre à maîtriser son habitus mais aussi adapter son hexis corporelle. [7] L’ordre social marqué par les cadres mentaux est aussi marqué par les attitudes corporelles. Selon Pierre Bourdieu, « les jambes, les bras, sont pleins d’impératifs engourdis. » [8]. Le chercheur doit alors apprendre le maintien corporel propre à la bourgeoisie mais aussi les codes vestimentaires et les différentes manières de s’exprimer. A cet effet, le costume et le tailleur deviennent les principaux outils de travail pour ces sociologues. Le chercheur ne doit pas laisser transparaitre son impression personnelle, il doit « comprendre » sans juger. [9] Pour appréhender un milieu aussi complexe, les Pinçon-Charlot ont choisi différents types de méthodes dont l’observation participante qui consiste à pratiquer en temps réel les activités des membres du groupe. Dans ce cas, les enquêteurs se mêlent intimement aux individus et doivent établir des liens de proximité. Jean Paul Sartre voit ainsi le sociologue comme « ces flics que le cinéma nous propose et qui gagnent la confiance d’un gang pour mieux pouvoir le donner »[10] Le chercheur dispose d’autres méthodes dont l’entretien. Celui-ci a donc été utilisé à maintes reprises par les Pinçon-Charlot notamment dans leur ouvrage de 1989 à propos des beaux quartiers.[11] Dans un article paru dans Genèses, les chercheurs montrent que tous les contacts furent pris par recommandation.[12] Il est donc nécessaire d’être coopté afin d’évoluer dans ces milieux d’interconnaissance. Sans cela, c’est un refus quasiment assuré comme en témoigne l’échec relatif de contacter les familles par le biais du Bottin Mondain. Une fois parrainé, le principe de courtoisie de la classe bourgeoise a par la suite fonctionné comme un « véritable sésame » pour accéder à ces cercles. Parfois, les enquêteurs perdent l’initiative et deviennent « questionnés ». Cette intimidation culturelle favorise alors un sentiment de domination contre lequel il faut constamment lutter.

 

Le discours dominant tend à dessiner les contours de la bourgeoisie uniquement par le biais du capital économique. La tradition marxiste a contribué à l’essor de cette vision qui représente souvent le bourgeois assis sur l’or comme le fait Plantu pour Le Monde. Selon Karl Marx, les classes sociales sont caractérisées par leur place dans le processus de production. Les bourgeois sont ainsi ceux qui détiennent le capital et cherchent à l’accumuler. [13] Cette approche est fortement ancrée dans les représentations communes et la presse centre la richesse sur les fortunes personnelles. L’idéologie libérale a annexé la logique méritocratique et le travail reste la valeur fondamentale la fortune étant perçue comme résultant de l’effort. Toutefois, il existe de fortes disparités parmi cet ensemble et l’ampleur réelle de la richesse est méconnue car « l’administration protège les fortunes. » (P.5). Les Pinçon-Charlot remettent en question les indicateurs courants de richesse avant d’admettre que peu d’alternatives existent. Enfin, certaines analyses sociologiques tendent à délégitimer l’usage de la notion de classes. Pour Pakulski et Waters, on ne peut plus renvoyer les individus à des appartenances collectives. [14] Les travaux autour de la moyennisation ont montré que la propriété s’est diffusée et que la réduction des inégalités a brouillé les contours des groupes sociaux. [15] Les Pinçon-Charlot s’inscrivent en faux contre ces propositions et soulignent que malgré son hétérogénéité financière, la bourgeoisie possède une forte conscience commune et doit être considérée comme une véritable classe sociale.

Ainsi, comme l’a souligné Pierre Bourdieu dans ses nombreuses recherches, on ne peut considérer l’espace social uniquement sous l’angle du capital économique. Les Pinçon- Charlot reprennent les outils d’analyse comme le capital social et culturel et montrent qu’ils constituent des éléments déterminants dans la conscience de classe. Le capital social est l’ensemble des réseaux de relations plus ou moins institutionnalisés qu’un individu peut mobiliser. Le poids des cercles sociaux transparaît par l’analyse de comités exécutifs mais est aussi favorisé en amont par les rallyes, galas mondains et activités sportives en tout genre. Le capital culturel est un ensemble tant immatériel que matériel avec les possessions d’œuvres d’art, de livres, de châteaux. Ainsi, les bourgeois cumulent les différents capitaux et cela permet d’asseoir leur domination. Dès lors, « les inégalités forment système. » et interagissent entre elles. [16] La possession de ces multiples capitaux permet de former une barrière de classe et d’instaurer une relative égalité au sein de du groupe social. Pour durer, la possession des capitaux doit s’appuyer non seulement sur le groupe mais aussi sur la famille à travers un processus de transmission efficace. Le nom de famille met alors en valeur un type de capital bien particulier à la bourgeoisie, le capital symbolique. Le patronyme résume alors à lui seul toutes les richesses matérielles et immatérielles accumulées. A travers lui, les privilèges se transforment et deviennent des qualités inhérentes à l’individu. Malgré la difficulté de définir un seuil de richesse, il faut considérer la bourgeoisie comme un groupe social soudé par une conscience de classe et cumulant le capital culturel, social et économique.

 

L’entre soi dans certains quartiers permet d’assurer la reproduction. Il permet de constituer un capital social plus rapidement du fait de la proximité des relations. Ainsi, « cette ségrégation est en fait une agrégation, le choix raisonné d’un groupe social, d’une classe ». (P. 53). Depuis quelques années on observe à Paris un exode vers l’ouest. Les principaux quartiers de l’entre soi sont les 3P, Auteuil, Neuilly, Passy mais aussi le 7ème. En « militant » [17] contre la loi SRU qui impose un seuil minimal de logements sociaux [18], les familles bourgeoises favorisent la reproduction. Certains quartiers comme la Villa Montmorency sont hautement sélectifs et sont impossibles à approcher par les passants. Les commerces de luxe jouent un rôle important dans l’uniformisation des lieux de vie. Ils embellissent le quartier et forment des barrières symboliques. Bien que l’entrée d’un magasin de luxe soit libre on y entre difficilement par curiosité. L’accumulation des familles bourgeoises crée une «griffe spatiale » (Ibid). Tout dans les beaux quartiers remet l’individu à sa place. Les mariages dus à la promiscuité sont nombreux et provoquent l’endogamie. Cette promiscuité spatiale provoque une proximité idéologique. Par ailleurs, « La proximité entre les familles fortunées et les palais du pouvoir est une constante de l’urbanisme des beaux quartiers. » (P. 59). Ainsi, la famille Rothschild possède des appartements dans le quartier de l’Elysée à Paris. Enfin, on observe la même ségrégation spatiale à l’étranger comme la colline d’Anfa à Casablanca. [19]

Tout d’abord la multiterritorialité de la bourgeoisie se manifeste à travers la possession d’une maison secondaire. Les Pinçon-Charlot s’aperçoivent donc que les familles bourgeoises cultivent l’entre soi même dans les lieux de villégiature comme l’Île-de-Ré qui concentre un nombre important de familles du Bottin Mondain. Rares sont les familles du Bottin n’indiquant qu’une adresse. En effet, l’appartement parisien ne se conçoit pas sans une maison de famille ou de vacances. Dans les différents espaces qu’elle investit, la bourgeoisie s’attache à apposer sa griffe spatiale. Sous le second empire, les bourgeois se sont attelés à la construction de lieux comme Deauville, Le Touquet, Arcachon et Biarritz. Cette modélisation des lieux s’effectue tant dans les stations d’hiver que dans les stations balnéaires. Parfois des lieux vierges sont entièrement reconstruits comme les Portes en Ré, ancien village de sauniers. Le pouvoir social se manifeste donc sur l’espace. Enfin, les espaces de la bourgeoisie se sont internationalisés. La mondialisation accentue et rend obligatoire cette logique. Quelques lieux comme l’île moustique sont des lieux de rassemblement de la bourgeoisie mondiale.

 

Etre dans un même espace ne suffit pas pour assurer l’homogénéité, il faut forger un habitus de classe en amont. Pour ne pas ruiner un patronyme, il faut veiller attentivement à la reproduction sociale. Dans un premier temps, la compétition scolaire concourt au maintien de la bourgeoisie. Les hautes écoles prennent le relais de la socialisation familiale. Même en l’absence d’école privée, la ségrégation spatiale assure une population uniforme propice à l’endogamie. Les parents sont très présents dans le processus de fonctionnement de l’école. Dans les lycées d’élite il existe des règles strictes sur les habits pour travailler la présentation de soi. Dans ce même objectif, le sport est essentiel pour forger un mental de compétiteur. Il faut marquer une hexis corporelle de classe. Le tennis est le sport mondain par excellence. Il permet aux bourgeois et aristocrates de se retrouver et d’activer les logiques de cooptation. Enfin, les rallyes constituent un processus progressif de socialisation par des visites culturelles, l’apprentissage de la danse ou bien des jeux de cartes avant les soirées dansantes à 16 ans. La bonne marche des rallyes est assurée par les mères et tout mène à l’endogamie. Pour les Pinçon-Charlot, « Il n’y a pas de libre concurrence dans l’économie affective grande bourgeoise. » (P. 90) Les mariages mettent donc en relation non seulement un homme et une femme mais surtout deux familles. Ils peuvent même permettre d’afficher une supériorité comme le mariage de Delphine Arnault avec Vallarino Gancia réunissant des personnalités du monde politique (Sarkozy) mais aussi économique (Michel Pébereau) Artistique (Lagerfeld).

Posséder des capitaux ne suffit pas il faut un entretien constant. Trop centrés sur l’acquisition du capital économique les nouveaux riches les nouveaux entrepreneurs n’ont pas bien pris conscience de la nécessité d’avoir du capital social. Toutefois il y a quelques nouveaux patrons à « l’esprit dynastique ». (P. 98) qui ont compris que « « on ne passe pas sans transition du monde non bourgeois au monde bourgeois. » (P99) C’est à la femme qu’incombe le rôle d’organiser la vie sociale par des galas et soirées mondaines. Aussi, les associations jouent un rôle primordial comme le Jockey Club ou le cercle du bois de Boulogne. Dans ces clubs, tout fonctionne à la cooptation et cela produit « élite consacrée » [20] légitime. De temps à autre, les obsèques constituent « un moment de passation du pouvoir d’une génération à une autre. » (P. 51) Les élites doivent gérer le capital temps et inscrire leur domination dans la durée.

 

Les nombreuses recherches des Pinçon ont contribué à lever le voile sur les pratiques de la bourgeoisie française. Ainsi, leur apport à la discipline est considérable et ceux-ci se sont vus récompenser par l’attribution du grade de chevalier de la légion d’honneur. A rebours du sens commun, les Pinçon ont imposé l’idée dans le champ universitaire que si la pensée bourgeoise est individualiste, il n’en reste pas moins que la pratique est collectiviste. Puisque les classes populaires ont perdu leur conscience de soi, [21] et cultivent un individualisme négatif, [22] la bourgeoisie reste la seule classe pour soi au sens Marxien du terme. Montrant les logiques de domination visibles à travers la ségrégation spatiale et invisibles avec la transmission des capitaux, leurs études s’inscrivent dans le prolongement de la sociologie du dévoilement opérée par Bourdieu. Le travail de ces Pinçon a en outre été un travail bien accueilli par la bourgeoisie qui ne les pas empêchés de continuer leurs enquêtes.

Malgré une apparente façade de neutralité, il est clair que les Pinçon-Charlot fonctionnent sur le modèle du sociologue engagé. Faisant de nombreuses références explicites à Bourdieu qui était pourfendeur du système actuel, engagés publiquement au front de gauche [23] ils cherchent à remettre en question la domination de la bourgeoisie. Ils décrivent leurs travaux comme « sans concession sur le fond » [24]. Afin d’être transparents sur leurs pratiques, ils ont autorisé un producteur à les suivre et produire un film à partir des données récoltées sur le terrain. Dans d’autres ouvrages ultérieurs, comme La violence des riches ou Le président des riches, les sociologues sortent de la neutralité axiologique Weberienne et livrent une critique acerbe des pratiques sociales, ces « mondanités d'apparence futiles » [25]. Marxistes, ils cherchent à mobiliser la conscience collective pour qu’elle prenne conscience de son état de domination.

 

Toutefois, si on ne peut que saluer la démarche de ces sociologues il subsiste quelques critiques sur leurs travaux. Tout d’abord, on peut soupçonner que même en se voulant neutre dans Sociologie de la Bourgeoisie, il y ait un évident parti pris. Par exemple, le mot mondain est utilisé à plusieurs reprises par les Pinçon-Charlot alors même qu’il revêt une connotation péjorative [26] ce qui témoigne d’une non-rupture totale avec les prénotions. Les Pinçon dévieraient-ils alors parfois vers ce « commérage. » [27] qu’ils dénoncent vigoureusement28 ? Eux-mêmes le concèdent, « Parler de sa recherche, c’est parler de soi. » [29] Par ailleurs, on peut formuler les critiques habituelles faites aux entretiens. En effet, le chercheur ne choisit pas le cadre et peut même être dans une situation de questionné ce qui limite sa capacité à appréhender les logiques de fonctionnement. Par ailleurs, «L’objectivation d’un sujet subjectivant » [30] peut être limitée lorsqu’on se met à côtoyer le milieu depuis trop longtemps et que l’on adopte inconsciemment son Hexis corporel. Au sujet des observations participantes, on peut souligner une contrainte majeure. Ainsi, la nécessité de ne pas froisser les interlocuteurs peut amener à l’autocensure lors de la rédaction des ouvrages. Dans le cas contraire, il est possible qu’il ne soit plus possible d’accéder au terrain comme ce fut le cas après l’étude retentissante de Fabien Jobard sur les milieux policiers. [31] La classe bourgeoise contrairement aux classes populaires suit de près tout ce qui touche à son image et contrôle en permanence les résultats. Pour certains sociologues affiliés à Bourdieu, leurs travaux sont à la limite de la complaisance. [32]

La critique méthodologique à propos de la complaisance se retrouve sur le fond. En effet, les Pinçon font peu cas dans cet ouvrage de la corruption et des mécanismes d’évasion fiscale. On peut évoquer une complaisance forcée à l’égard des dominants. Par ailleurs, il ressort de l’ouvrage que la bourgeoisie est une classe uniforme peu traversée par des tensions. En omettant d’étudier les nouveaux parvenus les sociologues se privent d’analyser le groupe dans toute sa complexité. Certes peu enclins à mobiliser du capital social, ceux-ci détiennent néanmoins du pouvoir de domination qu’il serait nécessaire d’étudier. Enfin, la bourgeoisie a- t-elle une si grande influence ? Il semble qu’il faille relativiser en partie ce constat avec l’ouverture progressive des concours comme l’IEP de Paris qui fragilisent le processus de reproduction. Aussi, on peut remettre en question la définition de ce qu’est la classe bourgeoise du point de vue économique. Si l’analyse de la classe pour soi et des processus de mobilisation est menée avec rigueur, la description de la classe en soi est moins précise. Peut on considérer avec le même œil celui les foyers en bas de l’échelle de l’ISF et les plus riches patrimoines ? Si on considère comme le font les Pinçon que le seuil des 10% est arbitraire, quels critères précis adopter ?

Etudier la classe dominante représente l’objectif principal de la carrière des Pinçon-Charlot. En cela, leurs tentatives pour catégoriser ce groupe d’individus et objectiver leurs pratiques sont novatrices dans une discipline qui a longtemps relégué dans l’ombre ce champ d’étude. L’ouvrage Sociologie de la bourgeoisie permet de prendre conscience des logiques de groupe et des mécanismes de solidarité en dépassant les représentations erronées du sens commun. Les auteurs montrent que la bourgeoisie est une classe consciente de ses intérêts et qu’elle est mobilisée pour les défendre. A travers des pratiques d’auto ségrégation spatiale, elle dissimule les processus de domination. C’est donc au sociologue que revient la tâche complexe de les mettre en lumière. Toutefois, les perspectives ouvertes par les Pinçon-Charlot sont vastes et doivent être approfondies par d’autres recherches. De nombreuses zones d’ombres subsistent et la bourgeoisie n’a pas fini de livrer ses mystères.

Antoine Guéneau.

Références :

[1] Cultures et sociétés urbaines rattaché au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris.
[2] PINCON-CHARLOT Monique, PICON Michel, Dans les beaux quartiers, Edition Seuil – Collection "L’épreuve des faits", 1989
[3] PINCON Michel, PINCON-CHARLOT Monique, La Chasse à courre. Ses rites et ses enjeux, Paris : Payot, coll. « Documents Payot », 1993.
[4] PINCON Michel, PINCON-CHARLOT Monique, Les Rothschild. Une famille bien ordonnée, Paris, La Dispute, 1998. 5NIVELLE Pascale, « Chez ces gens-là » Libération.fr (Page consultée le 28/03/2016) http://www.liberation.fr/portrait/2005/10/17/chez-ces-gens-la_535821

[6] WEBER Florence, BEAUD Stéphane, Guide de l’enquête de terrain, La découverte, « repères », Paris, 2003, P. 39.

[7] BOURDIEU Pierre, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, « Le Sens Commun », 1979.
[8] BOURDIEU Pierre, Le Sens pratique, Paris, Minuit, « Le Sens commun », 1980. p. 117
[9] WEBER Florence, BEAUD Stéphane, Guide de l’enquête de terrain, La découverte, « repères », Paris, 2003, p. 186.

[10] SARTRE Jean Paul, Questions de méthode, Paris, Gallimard, 1960, P.99

[11] PINCON Michel, PINCON-CHARLOT Monique, Dans les beaux quartiers, Paris, Seuil, « à l’épreuve des faits », 1989.
[12] PINCON-CHARLOT Monique, PINCON Michel, « Pratiques d’enquête dans l’aristocratie et la grande bourgeoisie. » Genèses, Mars 1991, P.120.

[13] MARX Karl, Le Capital, 1867.
[14] PAKULSKI Jan, WATERS Malcolm, The death of class, SAGE Publications Ltd, 1992.
[15] NISBET Robert, The Decline and Fall of Social Class, The Pacific Sociological Review, Vol. 2, No. 1. 1959, pp. 11-17.

[16] BIHR Alain, PFEFFERKORN Roland, Le système des inégalités, La découverte, Coll. Repères, 2008.

17 PINCON Michel, PINCON-CHARLOT Monique, Les Ghettos du gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces, Paris, Seuil, 2007, P.11.

[18] Loi Solidarité et renouvellement urbain votée en 2000.

[19] BENHADDOU Ali, Maroc : les élites du royaume. Essai sur l’organisation des pouvoirs au Maroc, L’Harmattan, « Histoires et perspectives méditerranéennes » Paris, 1997.

[20] BOURDIEU Pierre, La Noblesse d’État. Grandes écoles et esprit de corps, Collection « Le sens commun », 1989. P. 140. 7

[21] BEAUD Stéphane, PIALOUX Michel, Retour sur la condition ouvrière. Enquête aux usines peugeot de Sochaux- Montbéliard, Fayard, Paris, 1999.
[22] CASTEL Robert, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Fayard, «l’espace du politique », Paris, 1995.

[23] KACI Mina, « Ils et elles votent front de gauche », L’Humanité, Consulté le 29/03/2016. http://www.humanite.fr/politique/ils-et-elles-votent-front-de-gauche-481856
[24] PINCON Michel, PINCON-CHARLOT Monique, Les Ghettos du gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces, Paris, Seuil, 2007, Annexe de recherche.
[25] ABESCAT Michel, «Ces Pinçon qui font trembler l’Elysée» Télérama, Consulté le 29/03/2016, http://www.telerama.fr/livre/ces-pincon-qui-font-trembler-l-elysee,60212.php
[26] « Qui relève des habitudes sociales attribuées à la bourgeoisie et dans lesquelles les relations, la conversation se limitent à tout ce qu’il y a de plus superficiel » http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mondain_mondaine/52172

[27] ELIAS Norbert, « Remarques sur le commérage » Actes de la recherche en sciences sociales, n°60, Novembre 1985, P.22- 29
[28] PINCON-CHARLOT Monique, PINCON Michel, « Pratiques d’enquête dans l’aristocratie et la grande bourgeoisie. » Genèses, Mars 1991, P.131.

[29] PINCON Michel, PINCON-CHARLOT Monique, Les Ghettos du gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces, Paris, Seuil, 2007, Annexe de recherche.

[30] HAMEL Jacques, « Qu’est-ce que l’objectivation participante ? Pierre Bourdieu et les problèmes méthodologiques de l’objectivation en sociologie », Socio-logos, consulté le 28 mars 2016. URL : http://socio-logos.revues.org/1482
[31] JOBARD Fabien, Bavures policières ? La force publique et ses usages, La découverte, Coll. « Politique et société », 2002.

[32] PINCON-CHARLOT Monique, PINCON Michel, « Pratiques d’enquête dans l’aristocratie et la grande bourgeoisie. » Genèses, Mars 1991, P.120.

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